Faisons preuve d’un peu d’honnêteté tous autant que nous sommes et admettons que nous avons tous chez nous, au moins un ou deux mobiles qui ne servent plus à rien et jongent dans nos tiroirs.
Des anciens téléphones ou smartphones dont on ne s’est pas débarrassé au moment opportun ou que l’on voulait garder « au cas où ». En réalité, on ne se ressert jamais de ces anciens mobiles. Il est vrai que l’on a peur parfois que nos informations confidentielles partent entre de mauvaises mains. Quand une recherche internet de dix secondes et une manipulation suffisent à effacer intégralement la mémoire d’un appareil, c’est encore un bien mauvais argument. Nous avons tous, et à tort, des smartphones oubliés dans nos tiroirs.
Un stock colossal
La politique vient de se saisir du sujet qui soulève bien plus de problématiques qu’il n’y paraît de prime abord. Elle a constaté que sur les 24 millions d’appareils mis en circulation chaque année, seulement 3 millions repartent ensuite dans une filière de revalorisation. Il en reste donc 21 millions par année au fond dans chacun de nos foyers, soit une estimation totale d’environ 150 millions d’appareils. Sans que l’on s’en rende compte, il s’agit là d’un véritable problème et d’un défi lancé au monde politique.
L’approche écologique
Ces portables ne traînent cependant pas tous dans nos placards. Beaucoup finissent à la poubelle. Que deviennent les matériaux polluants contenus dans les puces de l’appareil ? Les composants de la batterie ? Tout cela finit dans la nature et surtout en une pollution qui met des années à se résorber. Il y a là une véritable dimension écologique à prendre en compte. Le portable n’est plus un effet de mode comme on l’a connu au début des années 2000. Le marché est arrivé à maturation et rien ne peut laisser croire à une moindre consommation dans les années futures. Au contraire, la frénésie de consommation des nouveaux portables toujours plus sophistiqués entraîne une pollution toujours plus importante qu’il faut maîtriser.
La filière du recyclage, un marché énorme
Soyons cyniques, et admettons que l’environnement ne soit pas la première préoccupation des sénateurs qui se sont penchés sur la question. Il faut prendre en compte aussi le bénéfice économique que représente la filière de revalorisation. Les travaux menés sur le sujet, même si les chiffres sont difficiles à réunir, laissent supposer que l’on peut créer encore un millier d’emploi. Démonter les appareils, recycler le plastique, neutraliser les composants polluants, remettre en état de marche, tout cela se fait déjà. Ce sont les Ateliers du Bocage, filiale d’Emmaüs, qui gèrent cette problématique. Mais elle pourrait être portée à une tout autre échelle si tous les produits étaient recyclés.
Une prise de conscience globale
Il y a deux démarches déjà existantes pour palier à ce problème. Des initiatives privées qui permettent l’envoi au recyclage des mobiles via une offre de rachat. On peut aussi directement réinjecter des mobiles encore en état de fonctionnement sur le marché de l’occasion. Il y a également l’obligation de collecte de la part des opérateurs de téléphonie mobile. Ceux-ci sont censés récupérer les mobiles dont vous ne voulez plus, pour les faire recycler. Une très petite partie part effectivement sur cette voie. Pour le reste, la trace est perdue lorsque les téléphones partent dans des filières secondaires à l’étranger, les opérateurs ne voyant pas dans le recyclage la première de leur préoccupation.
Une commission sénatoriale veut donc s’attaquer à ce vaste et épineux problème. Au travers de plus de 30 propositions diverses, elle compte créer une véritable filière de l’exploitation des déchets issus des appareils électroniques. Une façon de lutter contre les déchets sauvages, de créer de l’emploi mais aussi de limiter les besoins en matériaux coûteux pour la nature et que l’on pourrait obtenir par le recyclage des déchets. Un vaste programme dont le consommateur comme la planète pourraient ressortir gagnants.
